Ambassade de Syldavie en France

L'histoire de la Syldavie, petit pays européen, se confond avec celle de ses ombrageux voisins: la Croatie, l'Albanie, le Monténégro, la Serbie, le Kosovo, la Macédoine, la Grèce, la Bosnie-et-Herzégovine, la Bordurie, la Slovénie, la Roumanie, la Hongrie, la Turquie, la Moldavie, la Bulgarie et la Belgique.
Au coeur de cette mosaïque de peuples, de langues et de religions, la Syldavie se distingue à peine sur les cartes; si certains la situent quelque part entre les rives de la Neretva, d'autres l'imaginent flottant sur un Danube ensablé. On la cherche parfois dans les creux de Bruxelles, entre Flandres et Wallonie, quand l'inflexion d'un accent laisse une impression d'étrangeté. La Syldavie se glisse dans les interstices de la géographie et de l'histoire.
Longtemps monarchique, puis socialiste, la Syldavie est aujourd'hui une jeune démocratie en transition, candidate à l'Union Européenne.

vendredi 10 octobre 2008

Chère Europe...


Un article bouleversant du quotidien espagnol El Pais aborde la situation des Rroms, tsiganes et gens du voyage en Italie, à travers les yeux d'une jeune Rrom roumaine de 12 ans, Rebecca Covaciu, qui vit à Milan avec a famille, et qui a remporté cette année à Gênes le Prix UNICEF - Caffé Shakerato pour des dessins racontant son quotidien: la mendicité, la foi religieuse, les agressions, les rafles policières, les expulsions et démolitions de camps...
Ses dessins font montre d'un talent déjà affirmé, et d'une belle sensibilité. Ils ont bouleversé l'Italie, au moment où toute une partie de l'opinion publique italienne se dresse avec violence contre les Rroms, exposés par ailleurs à des politiques et des pratiques policières véritablement discriminatoires.

Suite à la médiatisation de son histoire, Rebecca a d'ailleurs été violemment agressée en juin dernier à Milan, et son père (un pasteur pentecôtiste) a été tabassé quelques jours plus tard, semble-t-il par des policiers, qui lui ont dit qu'il avait eu tort de parler aux journalistes.

En France comme en Italie, la discrimination, les pratiques de relégation urbaine et sociale à l'égard des Rroms sont systématiques, ainsi que le déni de leurs droits élémentaires de citoyens européens, et la violence policière fait partie du quotidien de la communauté. Ainsi, à Lille, un groupe de Rroms a été expulsé deux fois en quinze jours, toujours à l'aube. Comment dans ces conditions maintenir la scolarisation des enfants?

La comparaison, de la part des journalistes, entre Rebecca et Anne Franck, est un peu facile et agaçante, ne serait-ce que parce que Rebecca, elle, est encore vivante, et qu'il y a encore un avenir devant elle - qui dépendra largement des politiques que nous, citoyens européens, adopterons à l'égard d'autres citoyens européens - les Rroms, Yéniches, Manouches, Sintis etc., présents sur le continent depuis le Moyen-Age.

Mais du moins le vibrant appel de Rebecca à l'Europe, et l'émotion qui traverse ses dessins, nous met-elle face à la terrible réalité de pratiques qu'en tant qu'électeurs nous sanctionnons, acceptons, voire appelons de nos voeux. Puisse le regard singulier de la jeune Rebecca ouvrir quelques yeux...

Et si malgré tout vous doutiez encore de la gravité de la situation, deux chiffres pour conclure: l'espérance de vie des "zingari" en Italie est tombée à 35 ans, avec un mortalité infantile 15 fois supérieure à la moyenne nationale.

Pour suivre les deniers développements sur le sujet:
EveryOne Group, l'ONG qui a pris sous son aile la famille de Rebecca (en anglais et italien)
La voix des Rroms (en français)

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