Ambassade de Syldavie en France

L'histoire de la Syldavie, petit pays européen, se confond avec celle de ses ombrageux voisins: la Croatie, l'Albanie, le Monténégro, la Serbie, le Kosovo, la Macédoine, la Grèce, la Bosnie-et-Herzégovine, la Bordurie, la Slovénie, la Roumanie, la Hongrie, la Turquie, la Moldavie, la Bulgarie et la Belgique.
Au coeur de cette mosaïque de peuples, de langues et de religions, la Syldavie se distingue à peine sur les cartes; si certains la situent quelque part entre les rives de la Neretva, d'autres l'imaginent flottant sur un Danube ensablé. On la cherche parfois dans les creux de Bruxelles, entre Flandres et Wallonie, quand l'inflexion d'un accent laisse une impression d'étrangeté. La Syldavie se glisse dans les interstices de la géographie et de l'histoire.
Longtemps monarchique, puis socialiste, la Syldavie est aujourd'hui une jeune démocratie en transition, candidate à l'Union Européenne.

vendredi 10 octobre 2008

Comment dit-on "victoire à la Pyrrhus" en serbe?


La Serbie a cru gagner une bataille cruciale mercredi, en obtenant de l'assemblée générale de l'ONU un vote demandant à la Cour Internationale de Justice de La Haye de se prononcer sur la légalité de l'indépendance du Kosovo.

Cependant, quelle qu'elle soit, la décision de la cour restera consultative, et ne constituera qu'un jugement moral et légal, sans portée pratique.
La Serbie espérait, par cette démarche, dissuader de nouveaux pays de reconnaître le Kosovo... Eh bien, c'est raté: en trois jours, trois nouveaux pays ont reconnu l'indépendance de l'ex-province serbe: le Portugal, le Monténégro (qui avait voté mercredi en faveur de la résolution serbe à l'ONU) et la Macédoine...

Malheureusement, la démarche serbe retarde l'adhésion du Kosovo au FMI, cruciale pour amorcer le redressement économique du pays. Mais la décision de l'Union Européenne d'augmenter de 122 millions d'euros son aide au Kosovo, dans la cadre d'un accord de pré-adhésion annoncé hier par le Commissaire à l'élargissement Olli Rehn, devrait permettre au plus jeune état d'Europe de patienter.
La décision du Monténégro, longtemps allié et vassal de la Serbie, est particulièrement difficile à avaler pour les nationalistes serbes, comme l'est, ultime camouflet d'une semaine riche en rebondissements diplomatiques, l'attribution du prix Nobel de la paix au finlandais Martti Athisaari, qui fut médiateur pour l'ONU et l'UE au Kosovo: ses prises de position en faveur d'une "indépendance encadrée" pour le Kosovo lui ont valu d'être fréquemment comparé à Hitler dans les tabloïds serbes.

Ce prix Nobel vient récompenser la "diplomatie tranquille" d'un homme qui a toujours cherché à équilibrer l'idéal politique et les faits du terrain: une attitude pragmatique, mais sans cynisme, dont les Balkans ont grandement besoin.
Plutôt que de s'enfermer dans un combat sans issue pour le retour du Kosovo au sein de la Serbie (une option aujourd'hui refusée par la totalité de la majorité albanaise du Kosovo), la Serbie ferait bien de se préoccuper en priorité du bien-être des Serbes du Kosovo, en défendant leur droit à vivre et à prospérer, en tant que minorité protégée, au sein du nouvel état.

Si la situation des droits de l'homme au Kosovo reste "insatisfaisante" selon l'ombudsman du Kosovo, Hilmi Jashari, un récent rapport européen a constaté une nette amélioration de la situation quotidienne des Serbes du Kosovo, les Albanais craignant moins désormais une remise en cause de leur indépendance, et ne percevant plus la minorité serbe comme une menace.
Le principal problème auquel doivent faire face les Serbes du Kosovo est celui du chômage, qui frappe également fortement les Albanais.

Je laisserai le mot de la fin à Martti Ahtisaari, qui promet dans une interview à la BBC un "brillant avenir" au Kosovo. La Syldavie s'en réjouit et s'associe pleinement à ce souhait!

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